Et si on laissait la parole aux femmes ? : aux origines du sexisme

Aujourd'hui je vous propose deux petits essais de moins de 150 pages. Que vous soyez débutants ou gros lecteurs d'ouvrages sur le féminisme et le sexisme, ils pourront vous servir aisément d'introduction ou de synthèse, toujours nécessaire pour remettre quelques idées en place.

  

Le pouvoir et les femmes de Mary Beard est une compilation de deux conférences que l'autrice avait faites plusieurs années auparavant. Pour la publication, quelques passages et corrections ont été apportées, mais il y a eu finalement peu de changements sinon pour actualiser les textes avec quelques faits d'actualité récente. Qui dit "conférence" inclut bien sûr une certaine tonalité et un aspect très synthétique.

Mary Beard aborde ici la place des femmes, ou devrais-je dire l'absence des femmes dans la parole publique, faisant remonter cette exclusion jusqu'à l'Antiquité. Partant de cet état de fait, elle donne nombre d'exemples sur les efforts aux XXIe siècle pour les réduire encore et toujours au silence, s'intéressant aussi bien aux médias et réseaux sociaux, qu'aux discours politiques et aux préjugés répandus partout dans le monde.

Elle démontre qu'afin de pouvoir gagner le droit à la parole les femmes s’attribuent des qualités masculines (voix plus grave, pantalons...). Car c'est une lutte pour gagner en autorité qui se joue. Cette autorité n'est pas que politique, elle concerne tous les domaines. Il n'est pas anodin que les experts reçus sur les plateau de télévision sont majoritairement des hommes. Il y a une bonne raison si aujourd'hui dans leur carrière les femmes osent moins, se remettent très souvent en question, souffrent fréquemment du syndrome de l'imposteur.

Par l'angle de la parole publique Mary Beard cherche à nous faire prendre conscience de nos schémas de pensée. Ceux-ci prennent leurs origines dans notre histoire et notre culture, dans nos représentations imaginaires et nos paroles. Ils s'incrivent dans notre langue. Les mots ont autant de pouvoir que les actes. Ils forment les esprits et fabriquent le monde de demain.

Info : publié en vo (anglais) en 2017 sous le titre Women & Power: A Manifesto / publié en français en 2018 chez Perrin / publié en 2020 en poche chez Pocket au prix de 6,50€.

Le venin du sexisme ordinaire de Dominique Labarrière a la particularité d'être écrit par un homme. J'en ris, mais il est vrai que c'est le premier du genre dans cette rubrique que j'ai intitulée "Et si on laissait la parole aux femmes ?".

Cet ouvrage est divisé par thématiques. Il adopte ainsi une division assez didactique. Toutefois je vous déconseille de le lire de façon transversale car finalement l'auteur suit un fil rouge qui se développe au fur et à mesure des pages.

Cet essai permet un tour d'horizon sur les divers aspects du sexisme ordinaire de nos sociétés occidentales. Il revient bien sûr sur les origines du mal, sur l'image de la sorcière, mais il aborde également des thématiques moins mis en avant telles que les menstruations, le mythe de Marylin Monroe, le concours Miss France, le rôle de Première dame, les commémorations guerrières ou la « famille » monoparentale.

N'ayant pas la prétention d'être exhaustif, l'auteur nous propose une petite remise en question de nos comportements, de nos images et de notre langage. Sous forme d'humour, d'expressions, des mots les plus familiers, le sexisme se fait sournois et semble inoffensif.

Si tous les arguments de Dominique Labarrière ne feront pas l'unanimité (je suis la première à ne pas être d'accord sur certains points qu'il aborde), ce livre fait réfléchir et questionne certains aspects culturels qui nous sont si familiers qu'on ne les remettrait jamais en question sans des essais comme celui-ci.

Les chapitres très courts, leur division thématique, les sujets à portée de tous, font du Venin du sexisme ordinaire un texte très facile d'accès pour tous ceux et celles qui n'ont pas l'habitude de lire de la non fiction.

Info : publié en vo (français) en 2021 aux éditions Véga dans la collection "Tremate" au prix de 12€.