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Books en série
17 janvier 2021

Afrofuturisme : Binti de Nnedi Okorafor

 

Nnedi Okorafor fait beaucoup parler d'elle depuis la parution de Qui a peur de la mort ?. Mettant l'Afrique au cœur de ses fictions de fantasy comme de science-fiction, l'autrice écrit des récits très différents les uns des autres. Je l'ai découverte avec son roman Young Adult Binti.

#science-fiction #Afrofuturisme #extraterrestres #racisme

BINTIthinking

Synopsis : Nous sommes dans un futur assez lointain où la Terre n'est que l'une des nombreuses planètes habitées de la galaxie, et les humains que l'une des nombreuses races qui y vivent. Binti appartient à l'ethnie des Himba qui a pour particularité de ne jamais quitter la terre où ils sont nés. Afin d'étudier dans la célèbre université intergalactique Oomza Uni, l'adolescente va devoir fuir en pleine nuit. Elle va bientôt regretter sa décision, car à bord du vaisseau spatial les choses vont très mal tourner.

C'est la partie Afrofuturiste qui m'a convaincue de lire ce roman dès sa sortie en France... ainsi que sa taille (moins de 200 pages) et sa couverture (magnifique).  Je suis toujours très intriguée par les récits mêlant SF et cultures ancestrales. Le livre commence donc lorsque l'héroïne de seize ans part en cachette pour une planète où son peuple n'a jamais mis les pieds. Concernant l'aspect des traditions vs l'évolution, Binti a rempli mes attentes, mais ne les a pas dépassées. J'ai adoré son rapport à la Terre (sa planète Mère) et à la terre (les femmes Himba s'enduisant les cheveux et la peau d'un mélange à base de leur terre natale), très développé par l'autrice au fil des pages. J'ai aimé le conflit interne de l'adolescente entre ses croyances et sa nouvelle vie. Je suis très curieuse de sa religion. Surtout, j'aurais voulu en apprendre plus sur les différents peuples de cette Afrique future. Evidemment le prochain tome devrait répondre à certaines questions, mais, au vu du cliffhanger final, les thématiques qui m'intéressent ne seront toujours pas au cœur du roman.

Car en effet, le sujet de ce tome 1 m'a prise au dépourvue. Binti, c'est l'histoire de deux peuples (l'un humain, l'autre non) en guerre et d'une adolescente qui se retrouve au milieu bien malgré elle. Cela nous change des romans Young Adult habituels, même si bien sûr nous restons dans un récit initiatique. Ici pas de romance. L'autrice s'occupe davantage de tisser la structure psychologique de son héroïne, tout en étayant le conflit dont il est question. Les événements graves au début de l'histoire sont assez choquants. Malheureusement, j'ai trouvé les deux peuples aussi détestables l'un que l'autre. Impossible pour moi de choisir un camp, même si l'autrice nous désigne clairement son favori. J'ai le secret espoir qu'ils en viennent à leur destruction mutuelle...

Ainsi le roman parle d'intolérance, qu'elle soit ethnique, religieuse ou autre. Tout cet aspect est très bien rendu ; le livre contient quelques moments forts sur cette thématique. J'ai été marquée par le fait que la majorité des protagonistes ait un comportement injurieux envers autrui. Même la famille de Binti, qui est pourtant quotidiennement victime de racisme et d'injustices, se montre odieuse avec le peuple du désert. Je ne parlerai pas de leur comportement envers l'héroïne (qui a pourtant eu sa dose de discriminations tout au long de ses péripéties) parce qu'elle revient différente (alors qu'elle a déjà le malheur d'être la plus foncée de la fratrie), ni d'ailleurs du sexisme qui ne semble pas avoir beaucoup évolué depuis notre époque dans cette Afrique futuriste.

Le souci c'est que finalement tous les protagonistes (ou presque) sont détestables. D'ailleurs seuls Binti et son nouveau meilleur ami (je vous laisse la surprise...) sont approfondis avec une psychologie développée. Cette absence de relief m'a gênée. J'ai aussi eu le sentiment que la gravité des actes de la 1ère partie est peu évoquée sinon comme tremplin à l'intrigue. J'ai été extrêmement choquée par les actions des M***. Cela n'empêche pourtant pas l'autrice de vouloir en faire des alliées de l'héroïne qui est pourtant une victime traumatisée (on parle ici de violences à la fois physiques et psychologiques). Personnellement j'ai du mal à trouver cela acceptable. Ce n'est pas la première fois que je regrette qu'un roman traite de façon légère des événements graves en se protégeant derrière l'excuse de la fiction.

Info : le roman en français réunit trois romans courts (Binti, Binti: Sacred Fire, Binti: Home) publiées respectivement en 2015, 2016 et 2017 en vo (anglais américain) / Paru en français en 2020 aux éditions ActuSF collection Naos au prix de 17,90€ / est paru en 2018 en vo Binti: The Night Masquerade.

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