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Books en série
24 mars 2022

Littérature d'Asie : nouveautés 2022

Chaque année, l'un de mes objectifs principaux est de lire davantage de littérature non occidentale. Malheureusement les sirènes des nombreuses nouveautés françaises, américaines et britanniques me font dévier de mon cap. Je suis ainsi contente de pouvoir vous parler ici de deux ouvrages d'auteurs japonais et chinois. 

 

Je commencerai par Le chat qui voulait sauver les livres de Sôsuke Natsukawa.

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Rintarô, orphelin, a vécu toute sa vie auprès d'un grand-père peu bavard, passionné de livres, qui tenait une librairie d'occasion dans laquelle les clients pouvaient trouver les grands classiques du monde entier. Suite à la mort de ce dernier, le lycéen s'apprête à quitter les lieux pour partir vivre avec une lointaine tante. C'est alors qu'un chat qui parle apparaît et lui demande de l'aider à sauver des livres. 

Ce roman, comme le laisse deviner la superbe couverture de NiL, prend l'aspect d'un conte universel, plein d'humanité et de poésie. C'est un livre doux, extrêmement réconfortant, dans le pur style de la littérature japonaise, par son atmosphère, ses personnages, son rythme. Les lecteurs d'auteurs japonais s'y retrouveront facilement. Pour ceux qui n'ont encore jamais essayé c'est un bon ouvrage pour tenter l'expérience.

Surtout, c'est un livre qui parle des livres et de notre relation à la lecture au 21e siècle. L'auteur questionne nos habitudes, les remet en cause.  La partie fantastique bien que très présente n'est à mon sens qu'une excuse pour permettre au héros d'argumenter avec diverses entités représentant chacune un pendant néfaste de nos pratiques contemporaines de lecture. On pense notamment à la lecture rapide, très à la mode en ce moment, aux réseaux sociaux qui nous encouragent à lire toujours plus, aux nombreuses nouveautés qui nous poussent à acheter davantage...

Le chat qui voulait sauver les livres a un petit quelque chose de philosophique. Il pousse à la réflexion sur le lecteur que nous sommes, et celui que nous voulons être. Ce texte est empreint de mélancolie, beau et triste à la fois. S'il n'a rien de révolutionnaire, je pense toutefois que tout bon lecteur l'appréciera, car ce roman est avant tout une ode au pouvoir des livres et à l'imagination.

Info : publié en vo (japonais) en 2017 / publié en français en 2022 chez NiL éditions au prix de 19€.

 

Le deuxième roman nous emmène cette fois à Shanghai. XO a en effet traduit un nouvel ouvrage de Cai Jun, Comme hier.

Comme hier557009e7812880a314833c600ccba5bb

Le 13 août un professeur d’informatique, son épouse et leur fils de cinq ans meurent dans un incendie. L'inspecteur Ye Xiao, en charge de l'enquête, va peu à peu rapprocher ce crime à deux autres - la disparition d'une lycéenne en 1999 et le meurtre d'une adolescente en 2012 - ayant eu lieu également un 13 août. Bien malgré lui, Sheng Xia, une élève du professeur, va mener en parallèle sa propre enquête. 

Dans son roman Cai Jun met en scène une Chine urbaine contemporaine angoissante. Finalement tout se résume à un lieu, la rue Nanming. Tout au long du récit nous faisons des allers-retours entre le lycée, l'appartement de Sheng Xia et le parc d'attractions abandonné (tous situés dans cette même rue), mais également des aller-retours entre réalité et monde virtuel (Comme hier étant un jeu sur lequel travaillait la victime) et des allers-retours temporaux (1999/2012/2017). Le tout créée une atmosphère suffocante et malaisante dans laquelle les personnages semblent se débattre. De plus, le récit joue sur un récit à la limite du fantastique avec les ''monstres'' (des personnes nées avec une malformation physique), la ressemblance physique entre Sheng Xia et l'élève disparue, les visions de Sheng Xia dues à sa tumeur, le nom de son chien (littéralement ''Mort'' en chinois)...

Le point fort de ce roman c'est le suspens. Jusqu'à la fin je me suis demandé comment l'auteur allait parvenir à donner sens à l'imbroglio qu'il avait créé. J'avoue avoir été incapable d'abandonner ce récit avant d'avoir toutes les réponses. Cai Jun nous lance sur beaucoup de fausses pistes. Le lecteur a littéralement l'impression de tourner en rond au niveau spatial comme dans l'enquête de l'inspecteur qui brasse beaucoup de vent.

Car oui, son grand défaut, selon moi, c'est d'en avoir beaucoup trop mis. L'histoire part dans tous les sens (enquête policière, légende urbaine, nouvelles technologies...). Arrivés à la fin on se rend compte que de nombreux éléments n'ont finalement servi à rien. Les 50 dernières pages sont une accumulation de révélations qui partent dans le too much et sont souvent faites de façon maladroite. J'ai eu la désagréable impression que Cai Jun avait perdu la maîtrise de son intrigue. Le style était quant-à lui un peu trop familier à mon goût, mais il est très probable qu'il corresponde aux normes sociales de la Chine communiste.

Je suis d'autant plus déçue par ce livre que j'avais beaucoup aimé son précédent roman, La rivière de l'oubli, qui était non seulement parfaitement calibré, avec une intrigue maîtrisée avec brio, mais également une très bonne entrée dans les mœurs et vies des chinois d'aujourd'hui vivant dans une grande ville. On retrouve d'ailleurs dans Comme hier des éléments de ce premier ouvrage traduit en français (victime professeur dans un lycée privé, zone industrielle désaffectée lieu de légendes urbaines, crimes anciens jamais résolus...).

Info : publié en vo (chinois) en 2017 / publié en français en 2022 aux éditions XO au prix de 21,90€.

 

Retrouvez ici d'autres romans d'Asie : ICI

 

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