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Books en série
8 février 2021

Sociétés futuristes

Les auteurs de science-fiction sont souvent des visionnaires, interrogeant nos sociétés pour dénoncer les problématiques actuelles et futures.

 

La Faucheuse de Neal Shusterman est devenu une référence dans la dystopie YA et il était grand temps que je découvre cette trilogie.

LA FAUCHEUSE happy smiley

Dans un monde gouverné par une Intelligence Artificielle où la mort a été vaincue, une société de Faucheurs est apparue pour remplir les quotas de décès nécessaires au bon fonctionnement de la société. Malgré eux, Citra et Rowan entrent en apprentissage pour, peut-être, intégrer au bout d'un an cette élite si secrète. Mais très vite les problèmes commencent...

Malheureusement, comme beaucoup de livres Young Adult, j'ai trouvé qu'il y avait un gros manque de densité, aussi bien pour l'univers (dont on ignore presque tout sinon les grands lignes) que pour les personnages secondaires (dont la psychologie est inexistante). Ces derniers servent surtout d'ascenseurs émotionnels. Ce défaut est une chose qui je l'espère sera corrigée lors du tome 2. Je suis en tout cas restée sur ma faim à certains moments.

La force bien sûr de ce premier tome, c'est la thématique aussi intrigante que passionnante sur laquelle se base ce roman. L'immortalité, qui n'en a pas rêvé ? Loin d'être introductif, l'auteur va jouer sur la corde raide, allant de retournement de situation en retournement de situation. Le grand méchant est à la hauteur de la trame que nous tisse ici Neal Shusterman. Très vite le vers est introduit dans la pomme et une réflexion éthique prend place. J'ai adoré l'évolution de Citra et de Rowan qui va de pair avec celle de l'intrigue. C'est fort, c'est intelligent, et ça donne envie de se précipiter sur le tome 2.

Je n'ai pas eu le coup de cœur que j'attendais, mais je reconnais toutes les qualités de ce premier tiers. La suite s'annonce prometteuse...

Info : publié en vo (anglais américain) en 2016 sous le titre Scythe / publié en français en 2017 chez Robert Laffont dans la collection R / publié en poche en 2021 chez Pocket jeunesse au prix de 8,40€ / la trilogie a été publiée intégralement.

 

 ***

 

Tournons-nous maintenant vers une dystopie adulte avec Air de Raphaël d'Andréis et Bertil Scali. J'avais repéré ce roman dès sa sortie pour sa thématique. La situation actuelle fait que nous avons une image des Verts très positive... Forcément j'étais curieuse de découvrir ce que donnait une dictature écologique dans l'imaginaire de ces deux auteurs, d'autant plus que les évènemements avaient lieu en France.

AIRthinking

En 2022 le parti écologique a remporté les élections présidentielles françaises. La démocratie ayant montré ses limites pour imposer les changements nécessaires, la nouvelle Présidente et son Premier Ministre instituent rapidement une dictature et mettent en place des réformes écologiques radicales. Samuel Bourget, né en 1969, nous raconte ces années qui ont changé le monde que nous connaissons.

L'intrigue a non seulement l'originalité de se dérouler dans un futur proche, mais également de poser les questions qui fâchent. Si cette dictature a tous les défauts habituels du totalitarisme (comme le lynchage des personnes désignées comme "responsables" et envoyées dans des camps de travail à la Russe), les résultats qui lui sont attribuées sont loin d'être totalement négatifs... Le héros qui la dénonce est d'ailleurs montré comme un bourgeois égocentrique peu apprécié par sa famille. Nos auteurs semblent être partagés sur leur positionnement (ou bien tout au contraire, et je tente inconsciemment de modérer leur vision politique).

Ce qui m'a bien sûr fascinée, ce sont les réformes engagées par ce gouvernement. Quand on parle d'actions écologiques j'ai beaucoup de mal à les imaginer à un niveau étatique. Clairement Andréis et Bertil Scali ont moins de difficultés à les envisager mais ces actions sont brutales et impossibles à réaliser dans une démocratie libérale. Ils prennent des partis pris assez radicaux qui ne plairont pas à tout le monde. Ainsi leur France écologique s'appuie sur le nucléaire. Cette dictature est effrayante quand on s'y projette (fermeture des frontières, quotas d'habitants au m2...). Mais je vous laisse la surprise de découvrir toutes ces mesures ; d'autant que nous n'en connaîtrons que le minimum.

En effet, notre narrateur parisien va rapidement partir se cacher en Auvergne avec sa femme et ses deux enfants. Alors qu'à Paris nous aurions été aux premières loges des évènements, finalement seuls les grandes lignes nous parviendront. A la moitié du roman nous perdons même de vue l'aspect dystopique pour tomber dans le récit d'un retour à la nature, à la famille et à la communauté. Un peu plus et nous tombions dans le roman bucolique. Cela a rendu ma lecture assez frustrante. Résultat, l'élément principal (une dictature des Verts) est survolé. Pire, sa chute (annoncée dès le début) est bâclée, vite expédiée en quelques lignes.

Je ressors donc mitigée de cette lecture. Toutefois, n'ayant pas lu de texte équivalent, la thématique me semblant très importante, les solutions intéressantes (bien qu'effrayantes), je ne peux que vous conseiller Air pour vous faire votre propre idée...

Info : publié en vo (français) chez Michel Lafon en 2019 au prix de 17,95€.

 

***

Dernière dystopie de la journée, toujours en littérature "adulte", je tenais à vous présenter C'est l'inuit qui gardera le souvenir du blanc de Lilian Bathelot.

 C'est l'inuit quiliked it

Dans une société hyper-technologique, tous les territoires de la planète sont reliés au réseau de surveillance du G40. Mais les pays non occidentaux, réunis dans un rassemblement des Nations Premières, semblent avoir découvert un moyen de gagner leur liberté.

C'est l'inuit qui gardera le souvenir du blanc est une dystopie humaniste et écologique. Ce petit roman (moins de 200 pages) dénonce la mainmise des pays occidentaux sur la planète, utilisant les technologies comme nouveaux outils de domination. Evidemment les question éthiques et philosophiques soulevées sont extrêmement intéressantes. D'autant plus que nous suivons d'un côté une jeune native du Groenland, de l'autre deux policiers français. A travers ces derniers, c'est la persuasion coercitive qui est montrée en action.

Malheureusement ce livre laisse une impression d'inachevé. J'ai eu le sentiment de lire quelques chapitres d'un bon livre de science-fiction.  L'histoire, qui s'inscrit pourtant dans tout un contexte politique très riche, se déroule sur 48h et suit une ligne rouge qui ne dévira jamais : l'appréhension d'un policier renégat. Alors que tout un enjeu politique et scientifique entoure la jeune Inuit Kisiimi, cet aspect ne sera jamais développé, pas plus que les Nations Premières, la situation mondiale ou la suite des événements politiques après les péripéties qui se sont jouées dans le roman.

Tout cela en fait un ouvrage très facile à comprendre. C'est certainement l'une des dystopies les plus simples que j'ai lues. Elle a le mérite de poser clairement les thématiques chères à son auteur. Les personnages sont intéressants et attachants. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de ressentir de la frustration en refermant la dernière page. Il y avait tellement plus à dire. Même la conclusion et son ellipse temporelle semblent faites pour me frustrer un peu plus...

Info : publié en vo (français) en 2006 aux éditions ''Le Navire en pleine ville'' / publié en poche chez Pocket en 2020 au prix de 7,30€.

 

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