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Books en série
1 juillet 2021

Science-fiction écologiste

Je crois que le plus déroutant avec les deux lectures que je vous présente ici, ce sont leurs dates de parution.

 

La longue nouvelle La Mort de la Terre de J.-H. Rosny aîné a ainsi été écrite en 1915, faisant de son auteur un précurseur du discours écologiste à une période où l'humanité avait encore une confiance aveugle dans le Progrès.

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J.-H. Rosny aîné est surtout connu pour ses récits préhistoriques tels que La Guerre du Feu, pourtant il est considéré comme l'un des auteurs fondateurs de la science-fiction. La Mort de la Terre raconte ainsi la fin de l'humanité plusieurs millénaires dans le futur. Ce qui est intéressant dans cette histoire c'est bien sûr l'aspect environnemental de cette disparition des derniers humains. Des tremblements de terre engloutissent peu à peu les eaux, ne laissant que quelques oasis appelés eux aussi à disparaître. Tous les animaux se sont éteints depuis longtemps, seuls restent les oiseaux. L'Homme (et plus précisément notre civilisation du XXe siècle) est clairement désigné comme responsable de cette situation. Cela est d'autant plus fascinant que notre extinction ne signifie pas la mort de toute vie, une nouvelle espèce en parallèle grandit peu à peu, espèce dont nous sommes à l'origine. J'ai également apprécié l'absence de cataclysme. L'être humain ne disparaît pas de façon spectaculaire ; c'est au contraire une lente déchéance sur plusieurs millénaires.

Il m'a fallu une trentaine de pages pour entrer dans La Mort de la Terre. La vieille science-fiction oblige à un travail sur soi pour accepter des technologies has been et des faits scientifiques que nous savons erronés. Mais cette longue nouvelle se déroule dans un futur très lointain qui permet de passer plus facilement outre. Le style est également vieillot mais je ne suis jamais contre un peu de vocabulaire. J'ai été embarquée par les enjeux de cette histoire : l'importance de l'eau, la révolte de la Terre, la fin d'un cycle et le début d'un autre, la thématique de l'euthanasie... J'ai aimé voir notre personnage principal si plein de vie et de rêves face à une communauté apathique, le découvrir aux prises avec son sentiment de révolte, d'impuissance, de désespoir...

Face à cette histoire de 1915 avec un gros aspect écologique où l'être humain est déjà accusé d'avoir détruit la Terre, il est difficile de ne pas sentir une sorte de fatalité aujourd'hui au XXIe siècle alors que commence à poindre les premières conséquences de nos agissements.

Info : paru en vo (français) en 1915 / disponible aux éditions Bibliothèque Nationale De France dans la collection ''Les Orpailleurs'' au prix de 12,50€. Dans cette édition, La Mort de la Terre est accompagnée de nouvelles n'appartenant pas à la science-fiction ; l'auteur s'y intéresse à la nature humaine sous toutes ses formes.


 

Un peu plus récente, la dystopie Ecotopia d'Ernest Callenbach a été publiée en 1975. Ce livre donne matière à réflexion et me semble encore très d'actualité.

Ecotopiahappy smiley

 

Vingt ans plus tôt toute la côte ouest des Etats-Unis a fait sécession pour bâtir une société écologique radicale. Totalement coupée des USA (mais ouverte aux autres pays et continents) Ecotopia ouvre ses frontières pour la première fois à un journaliste américain, William Weston. Nous suivons cet homme au fil de ses expériences et à travers son récit nous découvrons tous les aspects de la société écotopienne

Sachez avant de vous lancer qu'il s'agit d'une de ces fictions écrites pour partager des idées politiques. Écologiste convaincu, Callenbach nous dévoile une société possible si nous sommes prêts aux sacrifices nécessaires. Évidemment le monde idéal n'est pas atteint et il ne s'agit ainsi que d'une semi-utopie. Ecotopia a ses propres limites et problématiques. Toutefois Callenbach ne nous assène pas ses idées sous une fiction qui ne servirait que d'excuse. Les fans d'uchronie y trouveront certainement leur compte. Mais pas autant que ceux qui, comme moi, souhaitent développer leur pensée écologiste.

Nous découvrons ainsi à quoi peut ressembler réellement un État écologique. Nous en comprenons les gains et les enjeux. Certaines idées difficiles à se représenter hors contexte deviennent des évidences. Je pense notamment au lien étroit qui relie écologisme, féminisme et socialisme.

Le roman retranscrit le journal de bord de Will, mais également les articles qu'il envoie au Times pour publication. Ces derniers permettent de développer des aspects plus détaillés de la société écotopienne : agroalimentaire, transports, travail, économie, etc. Le tout est bien sûr accessible et très grand public, mais invite à comprendre les changements effectués et en cours qui ont permis cette semi-utopie. De quoi en tirer peut-être quelques idées...

Info : paru en vo (anglais) en 1975 / disponible en français en poche aux éditions Folio SF au prix de 9,20€.

 

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