Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Books en série
16 juin 2021

Cosy mystery, thriller et polar

Même dans les genres que nous n'apprécions pas énormément, il y a toujours des sous-genres ou des titres particuliers qui trouvent grâce à nos yeux. C'est notamment le cas pour moi avec les romans "policiers".

 

Le cosy mystery, qui nous vient de l'Angleterre, m'a ainsi réconciliée avec les romans policiers. Petit précision : je préfère ce genre lorsqu'il est historique. Voici ma dernière trouvaille : Le Bureau du mariage idéal d'Allison Montclair.

Bureau du mariage idéalehappy smiley

 

A la sortie de la IIe Guerre Mondiale, Londres se reconstruit. La vie de millions de personnes ne sera plus la même, c'est notamment le cas pour Gwen, veuve de guerre, et Sparks, espionne durant le conflit. Les deux femmes que tout oppose ont récemment ouvert une agence matrimoniale. Leur entreprise se développe gentiment jusqu'au jour où l'une de leurs clientes est assassinée et l'homme qu'elles avaient choisi pour elle arrêté pour meurtre. L'affaire fait la une des journaux. Pour sauver leur agence et innocenter leur client, les héroïnes vont devoir mener leur propre enquête.


Comme toujours dans le cozy mystery, le roman repose sur le charisme des protagonistes principales. On s'attache rapidement à ces femmes brisées par la guerre mais ayant su rester justes, drôles et loyales. Leurs différences, leurs problèmes personnels et leur amitié (qui n'en est encore qu'à ses débuts) font tout le croquant de cette histoire.

La partie historique est très présente. Nous découvrons un Londres de 1946 défiguré par le Blitz et en reconstruction. Tous les personnages, même les secondaires, ont vu leur destin chamboulé. La situation économique du pays fait monter la criminalité et certains quartiers sont abandonnés. En parallèle, la place des femmes dans la société est en train d'évoluer, c'est un moment charnière pour elles et tout le monde n'en est pas ravi. Tout cela est retranscrit dans ce roman, mais de façon assez subtile car le cosy mystery reste un genre léger.

N'étant pas très portée sur les enquêtes policières classiques, j'ai apprécié que celle-ci s'en éloigne. Ici pas de recherche d'indice ou de déduction à la Agatha Christie, plutôt quelques rencontres ciblées et beaucoup de prises de risque. Nous restons ainsi dans l'action. Par ailleurs la vie privée des deux associées prend autant de place que la résolution du crime, apportant un équilibre agréable à cette histoire.

Ce tome 1 s'inscrit sous le signe de la reconstruction et des choix. Après avoir tout perdu, il est temps de se retrouver et de se battre pour ce qui compte. Je suis impatiente de lire la suite de leurs aventures.

Info : paru en vo (anglais) en 2019 sous le titre The Right Sort of Man: A Sparks & Bainbridge Mystery / publié en français en 2020 aux éditions 10x18 au prix de 8,10€. 

 

***

Voici un autre cosy mystery paru avant que ce sous-genre ait un nom : Qui a tué Glenn ? par Leonie Swann. Out les mamies, désormais ce sont les moutons irlandais qui mènent l'enquête !

Qui a tué Glennliked it

 

Lorsque le berger Glenn est retrouvé mort, les moutons de son troupeau, menés par quelques fortes têtes, décident de mener l'enquête à leur façon. Mais il est parfois difficile de comprendre les comportements et motivations humains.

Comme vous l'aurez peut-être deviné, tout l'intérêt du roman repose sur les diverses personnalités de nos protagonistes quadrupèdes. Leonie Swann joue sur l'humour et sur l'effet de décalage (perception humaine du lecteur vs perception ovine de la narration). Refusant de les humaniser autant se peut, elle a cherché à les faire les plus réalistes possible. Cela amène quelques scènes cocasses. Aucun lecteur ne restera insensible à ces héros drôles et charismatiques. L'autrice en profite aussi pour envoyer quelques gentils tacles grâce à ce fameux "regard étranger" si souvent utilisé en littérature.

Si l'histoire est un peu longue à démarrer, elle nous permet de nous familiariser avec le troupeau et ses individus avant d'entrer dans le vif du sujet. Heureusement, les personnages sont répertoriés dans une petite liste en début de livre, car il est parfois difficile de s'y retrouver.

L'enquête n'est finalement qu'un prétexte pour nous faire découvrir ces moutons pas comme les autres, mais aussi les êtres humains du village d'à côté. L'intrigue ne m'a pas passionnée et la fin très peu marquée. Comme pour beaucoup de cozy mysteries, l'aspect "roman policier" passe au second plan et toute la force du récit tient dans ses personnages.

Info : paru en vo (allemand) en 1976 / disponible en français en poche aux éditions 10x18 au prix de 8,40€.

 

***

Partons maintenant dans un genre totalement différent avec Les sept morts d'Evelyn Hardcastle de Stuart Turton, un roman de suspens avec une bonne dose de fantastique.

Les Sept morts d'Evelyn Hardcastleliked it

Ce roman est la rencontre entre Une journée sans fin et une partie de Cluedo. Je crains de vous spoiler en vous en révélant davantage. Il faut, je pense, y entrer sans trop en savoir. Cela est d'autant plus vrai que l'histoire met beaucoup de temps à démarrer.

Tout l'intérêt de ce livre repose en effet sur sa construction. L'auteur monte son intrigue au fur et à mesure, détail après détail, mystère après mystère. Les retournements de situation et les découvertes s'accumulent au fil des pages, apportant finalement plus de questions que de réponses. Les sept morts d'Evelyn Hardcastle est le roman idéal pour les fans de suspens. Mais pour en profiter, il faut accepter un rythme lent et beaucoup de répétitions. Le tout est fait d'une façon très intelligente. J'ai beaucoup d'admiration pour le travail effectué. Ici pas d'invraisemblance mais une montée en puissance jusqu'à la fin.

Malheureusement pour les personnes qui, comme moi, n'aiment pas le suspens (ou à petite dose), la lecture de ce roman sera plus compliquée. Honnêtement, nous tournons littéralement en rond pendant la majorité du récit. Blackheath House est un vrai labyrinthe (physique et temporel) où on se perd constamment. Je n'ai vraiment pris plaisir à ma lecture que pendant les 150 dernières pages (sur 600), au moment où les révélations s'amorcent et où le plan de génie de Stuart Turton, d'une complexité étonnante, se révèle. Il est donc parfaitement compréhensible qu'une partie des lecteurs trouvera ce roman ennuyeux. Une autre partie le trouvera sûrement trop compliqué. Il est parfois difficile de se retrouver entre les personnages et la temporalité. Les Sept morts d'Evelyn Hardcastle n'est pas fait pour tout le monde.

En dehors de tout ce côté "suspens" l'ambiance et le lieu apportent une plaisante petite touche british à l'intrigue qui explique, je pense, les comparaisons que j'ai lues avec Downtown Abbey (même si cela me semble insuffisant pour faire un vrai parallèle).  Par contre j'ai trouvé tous les personnages aussi détestables les uns que les autres. J'ai eu beaucoup de mal avec le protagoniste principal (notre seul point de vue de cette histoire), antipathique au possible, jugeant tout le monde, s'arrêtant à la première impression, assez mou et franchement naïf. 

Info : publié en vo (anglais) en 2018 sous le titre The Seven Deaths of Evelyn Hardcastle / publié en français en 2019 chez Sonatine / publié en poche en 2020 chez 10X18 au prix de 9,10€.

 

***

N'ayant jamais lu de policier nordique, je me suis lancée avec l'un des auteurs phares du genre, Arnaldur Indridason et le 1er tome traduit de sa série la plus connue, La cité des jarres.

La Cité des Jarreshappy smiley

Voici un pur polar dans le style et dans la plume. Indices, interrogatoires, autopsies et instinct de flic mènent la danse. Le héros est l'inspecteur typique des séries tv, vieux célibataire bourru, ayant plus d'expérience que tous ses collègues, gros fumeur, n'en faisant qu'à sa tête. L'auteur est islandais, et cela n'est pas anodin car le pays joue un vrai rôle dans l'histoire.
Ce roman est assez sombre, et pas qu'à cause de la météo... Drogue, viol, meurtre... Notre héros n'est pas un optimiste et on comprend pourquoi. Impossible de me l'expliquer, mais malgré mon peu d'amour pour ce genre, j'ai pris un grand plaisir à le lire. Le style narratif est fluide, la plume dépouillée. Les thématiques abordées sont nombreuses et bien utilisées : viol, ADN, mort d'enfant...
L'intrigue m'a gardée captive jusqu'à la fin. S'il y a eu pour ma part peu de surprise, j'ai aimé voir la façon dont Erlendur a remonté les indices. Il y a quelque chose de très relaxant à suivre cette enquête étape après étape jusqu'à voir l'intégralité du puzzle. Le tout m'a semblé très réaliste et convainquant. Ses coéquipiers sont par contre des poids morts... Bon, avouons-le, ce roman a aussi pour lui d'être assez court.

Info : publié en vo (islandais) en 2000 / disponible en français en poche aux éditions Points au prix de 7,70€ / la série sur l'Inspecteur Erlendur compte 11 romans et semble terminée.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité