Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Books en série
15 novembre 2020

Histoires de fantômes

Plus que les sorcières, plus que les vampires, les fantômes m'ont toujours passionnée. Cette année j'ai donc décidé d'en faire la thématique principale de mes lectures d'Halloween.

 

Premier livre de ma sélection, première bonne surprise ! Hantée de Christina Lauren m'a convaincue.

hantéehappy smiley


Delilah Blue est une adolescente de 17 ans passionnée de macabre et de glauque. Elle revient dans le Kansas pour sa dernière année au lycée après six ans dans un pensionnat à l'autre bout du pays, son père ayant perdu son emploi et désormais incapable de payer les frais de scolarité. Très vite la jeune fille retombe amoureuse de Gavin, le garçon bizarre de leur petite ville pour qui elle a un faible depuis ses 9 ans. Se rapprochant rapidement du jeune homme, elle va découvrir que les rumeurs autour de la maison dans laquelle il vit sont encore très loin de l'étonnante réalité...

Je ne savais pas trop où je mettais les pieds avec ce livre young adult. J'étais simplement consciente que les romans signés Christina Lauren sont généralement des romances. Alors oui, l'histoire d'amour est centrale puisque Delilah et Gavin sont pratiquement les seuls personnages du roman, mais la vraie héroïne c'est Maison. Je regrette d'ailleurs que les éditions Hugo Roman n'aient pas gardé le titre originale The House, ce qui aurait donné La Maison.

Hantée est un roman efficace. Je ne suis pas certaine que les fans des deux autrices s'y retrouvent, mais pour ceux comme moi qui cherchent un peu d'épouvante et une atmosphère glaçante, ce livre est parfait. La tension qui monte petit à petit est suffisamment effrayante pour faire frissonner, mais pas trop horrifique pour nous empêcher de dormir.

J'ai apprécié les personnages. J'ai aimé que, pour une fois, ce soit la jeune fille qui soit entreprenante, protectrice, forte et tellement courageuse. J'ai trouvé un peu étrange, au début, qu'il y ait si peu de personnages secondaires et que ceux-ci soient si peu présents. Mais rapidement, je me suis aperçue que cela rendait l'atmosphère plus pesante, angoissante. Par cette absence, j'ai eu l'impression d'un huis clos, ce qui est finalement le cas et prend tout son sens au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue.

A lire la nuit sous ses couvertures.

Info : publié en vo (anglais américain) en 2015 aux édition Simon & Shuster sous le titre The House / paru en français en 2016 chez Hugo Roman, collection New Way, au prix de 17€.

 

*** 

 

Désirant ensuite une lecture plus "adulte", j'ai opté pour le thriller surnaturel français Le Manteau de neige de Nicolas Leclerc qui avait fait parlé de lui en beaucoup de bien sur la toile l'année dernière. Ce premier roman de l'auteur a été à la hauteur de mes espérances.

Le-manteau-de-neigehappy smiley

L'histoire commence avec le meurtre énigmatique du grand-père de Katia, 16 ans, souffrant d'haptophobie (crainte de toucher ou d'être touchée) depuis sa tendre enfance. Suite à l'enterrement et à sa visite à la maison familiale qu'elle ne connaît pas (son père était en froid avec ses parents), l'adolescente va commencer à avoir de terribles visions.

Le lecteur va suivre cette histoire à travers deux points de vue : celui de la jeune fille et celui de sa mère Laura. La relation mère-fille est ainsi au cœur du roman. Katia est une personne fragile que sa maladie fait souffrir, l'ayant déjà conduite à des tentatives de suicide. Très proche de son père qui ne la juge pas, elle en veut à sa mère de ne pas essayer de la comprendre et de l'obliger à voir tous les psychologues de Paris. De son côté, Laura est dépassée par cette haptaphobie, ne supportant pas son impuissance ni son incapacité à serrer son enfant dans ses bras. Une partie d'elle lui en veut, convaincue qu'il s'agit pour Katia d'une façon de la rejeter. J'ai trouvé touchant ces deux êtres qui s'aiment mais qui ne savent finalement pas comment se le dire.  

Le rythme de ce livre est parfait, allant crescendo depuis l'introduction jusqu'au dénouement final. Sachant que Nicolas Leclerc écrivait pour le cinéma, je craignais le "too much".  Au contraire, l'auteur a su maintenir l'équilibre entre la psychologie des personnages et les rebondissements. La réaction des protagonistes face au surnaturel m'a semblé réaliste, avec d'abord un rejet cartésien puis le doute qui s'insinue.

Ce roman est angoissant, juste ce qu'il faut là encore pour frissonner, mais sans partir dans l'horreur. En tant que scénariste il a même su rendre son livre addictif. L'intrigue et le dénouement m'ont convaincue. J'ai trouvé le tout très bien ficelé. Je pense que la seule chose qui m'a manqué pour être un coup de cœur c'est l'absence d'une scène marquante, une de celles à laquelle je penserais à chaque fois que je me remémorerais cette histoire.

A lire !

Info : publié en vo (français) en 2019 aux éditions du Seuil au prix de 19€.

 

***

 

Après ce quelques lectures qui font frissonner, passons maintenant à un livre d'horreur avec Le Signal de Maxime Chattam.

Le Signal happy smiley

Le récit commence avec les Spencer, des new-yorkais décidés à prendre un nouveau départ à Mahingan Falls, une ville sur la côté Ouest isolée du reste du monde par des collines et des forêts. D'abord enthousiastes, chacun des membres de la famille va rapidement expérimenter des phénomènes étranges et effrayants qui vont leur révéler le passé trouble de leur nouveau lieu de vie.

Les lectures de l'imaginaire demandent, comme leur nom l'indique, un effort d'imagination et une forme d'adhésion qui dépendent des goûts, croyances et personnalités du lecteur. C'est pourquoi je ne suis pas étonnée que les avis divergent beaucoup sur ce roman. Personnellement, après avoir accepté que l'histoire était très inspirée des œuvres de Stephen King (que l'auteur le reconnaisse ou pas c'est vraiment flagrant), j'ai adhéré aux événements.

Certains crieront au déjà-vu, mais avec tous les écrits et les films sur les fantômes, peut-on vraiment inventer encore quelque chose sur le sujet. D'ailleurs les explications finales m'ont semblées intéressantes (avec un petit goût à la Lovecraft pas déplaisant), même si je sais qu'elles ont dû là encore diviser les lecteurs. Je me demande toutefois s'il était nécessaire de tout expliquer. Pour les thématiques surnaturelles je suis plutôt partisane du mystère. En nous fournissant toutes les réponses j'ai trouvé que l'aspect angoissant retombait. Je suis une vraie peureuse, or la dernière partie ne m'a ainsi plus du tout effrayée.

Si je me suis laissée prendre au jeu, j'ai par contre trouvé le livre trop long (900 pages en poche !). Ceci s'explique au fait que, comme chez King, nous suivons plusieurs groupes de personnages qui évoluent séparément pendant la majorité de l'histoire. Chacun vit ses propres péripéties de son côté. A cela s'ajoute les chapitres spécialement dédiées aux victimes, des habitants de Mahingan Falls qu'on découvre juste le temps de les voir mourir de façon atroce. Pour ces pauvres protagonistes l'auteur n'y va pas avec le dos de la cuillère, c'est assez trash et douloureux.

C'est donc votre degrés d'adhésion à l'histoire qui décidera si ce livre vous fera peur ou pas. Par contre vous apprécierez certainement la remise en question en filigrane de notre mode de vie. Car au-delà de l'horreur, dans ce roman Maxime Chattam interroge notre société, sa course à l'argent au détriment des êtres humains, sa dépendance aux technologies, son jusqu'auboutisme alors même que nous ne maîtrisons plus rien, notre incapacité à rester humbles malgré notre ignorance sur de nombreux sujets... Petits pouce bleu pour une scène féministe et assez jouissive au milieu du roman (ceux qui l'ont lue la reconnaitront).

Info : publié en vo (français) en 2018 aux éditions Albin Michel / publié en poche chez Pocket en 2020 au prix de 9,95€.

 

*** 

 

"Fantôme" n'est pas toujours synonyme de thriller ou d'épouvante. Marc Levy le prouve avec Ghost in love, un pur feel good à la française.

Ghost in Love liked it

 

Ce roman, par son résumé, m'avait beaucoup rappelé Très chère Sadi de Sophie Kinsella, qui reste pour moi le meilleur roman du genre "comédie fantomatique". Évidemment Ghost in love avait peu de chance de me plaire autant.

Thomas est visité par le fantôme de son père le jour du 5e anniversaire de sa mort afin de lui demander un grand service dont dépend le reste de son éternité. Le jeune trentenaire va ainsi découvrir une nouvelle facette de son père et faire la paix avec sa mort. Selon moi c'est tout ce dont vous avez besoin de savoir. Les autres informations arrivent plus tard dans le livre et gâcherait le plaisir de la découverte.

Ironiquement la première chose qui manque à ce récit c'est une relation père-fils plus aboutie, plus forte (alors que c'est la thématique principale du roman). La moitié du livre se passe avec Thomas en pleine négation du phénomène, et l'autre partie à le voir lancer des pics à son père pour avoir fait (ou pas) telle ou telle chose durant son vivant. J'attendais plus d'émotion, quelques scènes de cœur à cœur, et même pourquoi pas une grande dispute. Au contraire, tout n'a été que non-dits et petites mesquineries.

La seconde chose qui m'a marquée, c'est l'absence de rebondissements. Même dans le feel-good un peu de dynamisme ne fait pas de mal. C'est dans les obstacles que les histoires puisent leur force. Mais Ghost in love est un long fleuve tranquille où tout coule de source. L'histoire est gentillette, mais sans action et sans surprise. J'ai attendu un événement qui me sortirait de ma torpeur, sans succès.

Enfin, ce livre aurait eu besoin d'un second degré salvateur. L'humour manque cruellement à l'appel. Je m'attendais à rire un peu, sourire beaucoup. Une comédie père-fils avec fantôme, cela ouvrait les portes à des références et des scènes amusantes. J'ai été étonnée de trouver au contraire un texte qui se prenait très au sérieux.

Mais tout n'y est pas mauvais bien sûr. Les personnages sont sympathiques. Personnellement, San Francisco me fait toujours rêver. A chaque chapitre une jolie illustration est offerte au lecteur. Si vous cherchez un pur feel-good avec des bons sentiments où aucun mal n'arrive aux protagonistes, ce livre est pour vous. En prime de la relation père-fils, leurs histoires de cœur sont également abordées. Vous aurez donc aussi droit à de la romance, mais à toute petite dose.

Info : publié en vo (français) en 2019 aux éditions Robert Laffont / publié en poche chez Pocket en 2020 au prix de 7,60€.

 

***

 

Mes lectures thématiques n'auraient pas été complètes sans un classique du roman gothique. J'ai donc craqué pour Le baron hanté de Joseph Sheridan Le Fanu, romancier irlandais du 19e siècle et auteur majeur du récit fantastique.

 41guwUVANOLso so

Les histoires gothiques ont le défaut de leur qualité : ce sont des romans d'ambiance, et par conséquent il ne s'y passe pas grand chose. L'action est reléguée au second plan pour se concentrer davantage sur les descriptions et la psychologie.

Comme toujours dans ce genre littéraire, un lieu est au coeur de l'intrigue, ici un sinistre château près d'un lac aux abords d'une petite ville. La famille Mardykes l'a bâti et y vit depuis plusieurs siècles. Trois ou quatre générations avant le début de cette histoire, Mary Feltram, la maîtresse du baron de l'époque, disparue avec l'un de leurs deux enfants après avoir été chassée. On murmure depuis que son fantôme hante le lac. Au moment du récit, le baron actuel revient s'installer dans la demeure qu'il avait fuit des décennies plus tôt, forcé par sa situation financière catastrophique. Il est accompagné de son valet Philip, un des descendants de Mary.

Je m'arrêterai ici pour le résumé. Les synopsis et les quatrièmes de couverture que j'ai lus vont bien trop loin dans les révélations. Cela m'a beaucoup frustrée car j'ai attendu tout le long de ma lecture des événements qui ne se sont finalement déroulés que dans la dernière partie du roman. Cela a augmenté mon impression de longueur et d'inaction. Tout ce que je peux dire c'est qu'à cause du titre, je m'attendais à une histoire de fantômes ; or s'il y en a bien, il ne s'agit toutefois pas de la thématique principale.

J'ai apprécié le début et la mise en place de l'intrigue mais j'ai fini par trouver le temps long et l'histoire sans grand intérêt. Un attachement aux protagonistes aurait peut-être pu me faire changer d'avis, mais je les ai tous trouvés au mieux ennuyeux, au pire détestables.

Par contre je défendrai ce livre contre une critique que j'ai vue et qui est en réalité anachronique. On a reproché au Baron hanté de ne pas donner d'explication aux événements. Mais au 19e siècle le fantastique était défini différemment. L'auteur devait sous-entendre, laisser flotter un doute, l'impression d'un peut-être, mais tous les événements racontés dans ces textes devaient également pouvoir avoir une explication rationnelle (un rêve, la fièvre, l'alcool, la folie...). C'est ce que fait ici Sheridan Le Fanu. Le narrateur de ce récit raconte des faits qui se sont passés bien avant sa naissance. Il parle de ouï-dire, de rumeurs, d'histoires qu'on se racontent de génération en génération dans la petite ville de Golden Friars. Il n'y a pas d'explication qui tienne, c'est au lecteur de choisir celle qui lui plaît.

Info : publié en vo (anglais) en 1871 / disponible en poche chez 10X18 au prix de 7,50€.

 

***

 

Finissons avec un livre jeunesse parfaitement dans le thème : Cassidy Blake T1 - Chasseuse de fantômes de Victoria Schwab.

Cassidy Blakeliked it

Depuis une expérience de mort imminente, Cassidy Blake, 12 ans, peut traverser le voile qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Elle y a également gagné un meilleur ami, Jacob, le fantôme qui l'a sauvée de la noyade ce jour funeste. Ironie du sort, ses parents sont célèbres pour leurs livres sur les fantômes mais ne les voient pas. Au grand malheur de l'adolescente qui s'attendait à passer des vacances tranquilles au bord de la mer, la voici à Edimbourg, la Ville aux Mille Fantômes, pour le tournage de leur nouvelle émission.

Ce roman est clairement destiné aux enfants de 10+. Si certains récits jeunesse sont intergénérationnels, celui-ci ne l'est pas. L'autrice va directement aux faits, comptant sur la ville d'Edimbourg pour créer l'atmosphère et le décor. Sur ce point c'est très réussi, la ville est utilisée intelligemment. Son histoire est merveilleusement mise en valeur. Le passage entre les deux mondes couplé à l'aura de la capitale écossaise créent une ambiance qui sied vraiment à l'univers. Moi qui rêve de la visiter j'ai désormais encore plus envie d'y aller.  Mais soyons honnêtes, le roman reste très en surface et l'univers est peu développé. C'est une sympathique aventure avec des fantômes qui ne sort pas du lot.

Le tout est assez court, se lisant très vite. On peut estimer que ce tome 1, dont la temporalité se déroule sur une seule semaine, se divise en deux parties : la découverte de sa mission puis la mise en danger avec beaucoup d'action. En refermant le livre on ignore encore beaucoup de choses. J'ai d'ailleurs été très étonnée du manque de curiosité de l'adolescente qui ne pose aucune question, encaissant les informations quand elles lui sont imposées par la situation.

A mon avis le mauvais point de cette histoire ce sont ses héros. Cassidy et Jacob sont peut-être jeunes, mais ils sont surtout stupides. J'ai horreur des personnages qui n'apprennent pas de leurs erreurs. Les deux amis agissent sans cesse de façon irréfléchie, s'entraînant l'un l'autre. On pourrait espérer que cela est volontaire de la part de l'autrice car ils seraient appelés à évoluer dans les prochains tomes. Mais au vue de la temporalité de cette trilogie, et de la fin de ce tome, j'ai des doutes.

Info : publié en vo (anglais américain) en 2018 sous le nom de City of Ghosts / publié en français en 2020 chez Lumen au prix de 15€.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité