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Books en série
19 juin 2020

Japon, monde étrange...

S'il y a un pays qui fascine les Français depuis quelques décennies, c'est bien le Japon, lieu de tous les fantasmes...

 

Neige de Maxence Fermine a été une véritable surprise et un vrai coup de cœur.

 

 Neigecoup de coeur

 

A la fin du XIXe siècle au Japon, le jeune Yuko décide de devenir poète contre l'avis paternel. Fasciné par la neige, il en fait l'unique sujet de ses haïkus. Un jour, repéré par le poète impérial, il est envoyé chez un grand maître. Lors de son voyage dans les montagnes, une découverte va le bouleverser et le transformer.

Maxence Fermine offre avec Neige un hommage aux haïkus, ces poèmes japonais de dix-sept syllabes. Pour notre plus grand plaisir, l'auteur nous propose à chaque début de chapitre un célèbre haiku.

Mais la poésie est également présente au cœur du texte. J'ai été émerveillée par la beauté de la plume. Chaque phrase m'a donné le sentiment d'une grande pureté, d'une immense délicatesse, à l'exemple même de la neige. Ici l'écriture sert l’histoire et l’histoire sert l’écriture, dans un magnifique parallélisme. J'y ai retrouvé le plaisir des mots, le frissonnement face au terme juste, la tournure d'une métaphore, l'intelligence de la polysémie. Car dans Neige, c'est une vision du monde à travers l'art qui est présentée au lecteur.

Outre la pureté, le roman est aussi empreint d'une grande sensualité. J'y ai reconnu l'inspiration des classiques japonais. Certains passages m'ont évoqué ma lecture du Pavillon d'or du Yukio Mishima. La littérature du Japon a toujours eu selon moi une façon unique d'évoquer le corps de la femme et la sexualité, entre raffinement et crudité.

Même si nous savons être à la fin du XIXe, Neige est un récit hors du temps. Tout du long, le lecteur a l'impression d'un flottement, mais également d’un ailleurs. Peu de personnages apparaissent dans cette histoire qui a pour décor les montagnes et des villages, perdus loin de tout. Seules quelques rares évocations historiques nous ramènent à la temporalité, et là encore elles restent extrêmement vagues. Les protagonistes sont des clichés du genre, comme le sage Soseki. C'est pourquoi beaucoup considère cette histoire comme un conte poétique. 

Maxence Fermine prouve ainsi qu'un roman n'a pas besoin d'être long pour être percutant.

Info : publié en vo (français) en 1999 aux éditions Arléa / publié en poche chez Points à 5.70€.

 

 

Toutefois j'ai toujours dit que pour connaître un pays, il fallait se tourner vers des auteurs qui en sont originaires. C'est ce que j'ai fait avec le petit livre autobiographique d'Erico Nakamura, Nââândé!? les tribulations d'une Japonaise à Paris.

 

 thinking

 

L'autrice est Japonaise, mariée à un Français, et vivant entre Tokyo et Paris. Dix ans après s'être installée dans la Ville Lumière elle nous fait un bilan de son expérience.

J'avais abordé ce livre comme une découverte de Paris à travers les yeux d'une Japonaise. Je m'attendais à beaucoup de critique et d'humour. Mais je me suis trompée et en ai été heureusement surprise

J'y ai surtout trouvé des clés pour comprendre la culture japonaise. Comme, je pense, un.e Japonais.e y trouvera une aide pour comprendre la culture française. Car oui, Nââândé !? est en réalité une comparaison thématique de ces deux cultures. A travers plusieurs thèmes, qui sont donnés en tête de chapitre (comme les Grands Magasins, la grève, le sexe, les taxis, le mariage...), Eriko Nakamura compte les points, confronte ces deux mentalités aux antipodes. Mais aucune n'est mise à mal, elle loue et critique les deux avec respect, disant ses préférences selon les points abordés, racontant des anecdotes. 

Ce livre n'est pas amusant, mais il est très "kawaii". C'est finalement vu avant tout une déclaration d'amour de l'autrice à son mari. On y voit un couple uni malgré leurs éducations si différentes. On ne peut s'empêcher de sourire face aux gaffes de Charles-san quand il est au Japon.

Par contre le Paris qui nous est présenté ici n'est clairement pas le Paris que je connais. Ce qui nous est présenté, c'est surtout le portrait d'une certaine classe sociale parisienne. Eriko et Charles-Edouard appartiennent à la bourgeoisie avec des revenus conséquents et fréquentent donc des personnes avec le même mode de vie. Mes amis et moi ne passons pas nos weekends à la campagne, une fois que nous avons plusieurs enfants nous quittons nos arrondissements pour la banlieue, nous préférons prendre un Uber car moins cher qu'un taxi, mais nous privilégierons toujours le métro, et les Grands Magasins ne sont pas à la portée de nos porte-monnaie sauf occasionnellement.

Info : publié en vo (français) chez NiL en 2012 / publié en 2013 en poche chez Pocket à 5.95€.

 

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