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Books en série
16 mai 2020

J'ai lu Dune de Frank Herbert

Vous n'avez jamais lu Dune et vous en avez très envie ? Vous avez peur de ce "classique" de plus de 800 pages ? Cet article est pour vous. Ne craignez rien, Dune vogue sur les tropes que nous connaissons déjà tous.

 

Dunehappy smiley

 

Dune est l'histoire de la noble maison des Atréides à qui l'empereur offre comme nouveau fief la planète Arrakis qui a été pendant des siècles celui des Harkonnen, une maison ennemie. Arrakis est la seule planète connue qui produit l'épice, la denrée la plus précieuse de tout l'Empire. Le destin des Atréides va se jouer sur cette planète désertique, dans une gigantesque intrigue politique.

Le roman se divise en deux parties bien distinctes.
D'abord nous avons le roman politique qui ressemble fortement à un jeu d'échec entre les deux Maisons. Mais au fil des pages nous découvrons également les autres joueurs : l'Empereur bien sûr ; mais aussi le CHOM, une multinationale qui a mainmise sur toutes les denrées de l'Empire ; la Guilde qui a le monopole des voyages spatiaux, car possédant la seule flotte existante ; l'opuscule des Bene Gesserit qui a son propre agenda ; et puis toutes les différentes Maisons nobles auxquelles appartiennent les Atréides  et les Harkonnen.
Chacun aura son rôle à jouer dans ce jeu politique qu'ont enclenché les Harkonnen pour asseoir leur pouvoir.

Dans cette première partie j'ai été en admiration devant l'univers créé par Frank Herbert. J'ai particulièrement aimé son style. L'auteur n'utilise pas la description, toute l'histoire (ou presque) se passe à travers des dialogues et des monologues intérieurs. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il maîtrise cette forme avec panache.

Chaque dialogue est une source incroyable d'informations. Non seulement nous apprenons sans cesse de nouvelles choses sur la planète, la politique, les événements passés et présents, mais au sein de chacun se révèlent également les relations entre les protagonistes présents. Chaque scène est écrite avec une très grande finesse, chaque chapitre a sa place très particulière dans le roman global, tout est pensé, rien n'est superflu. Je suis certaine que si je lisais cette première partie une seconde fois, je découvrirais nombre de subtilités qui m'ont échappées.

A cela s'ajoute un message écologique qui prend toute son importance aujourd'hui au XXIe siècle : la valeur de l'eau. L'importance de chaque goutte est particulièrement bien mise en scène. Certains passages m'ont donné très soif. Cet aspect du livre permet aussi de prendre du recul et de relativiser. Si toute la galaxie se bat pour l'épice, sur Arrakis, la seule planète où elle pousse, l'eau y est la denrée la plus recherchée.

La deuxième partie de Dune est un roman d'apprentissage, un récit initiatique. Nous découvrons comment Paul Atréides, 15 ans, va trouver sa place sur Arrakis et la façon dont il prendra sa revanche sur les Harkonnen et l'Empire. Désormais c'est l'action qui prime. Les monologues intérieurs de Paul et Jessica prennent plus de place que les dialogues. Nous ne sommes plus dans la découverte du monde mais bien dans la prise de pouvoir. 

C'est un schémas qu'on rencontre désormais beaucoup dans la SFFF : la figure de l'Elu. La couleur est annoncée à chaque début de chapitre où on peut lire des extraits de livres officiels écrits dans l'avenir et relatant la légende de Muad'Dib.

Cette partie du livre qui nous fait découvrir le peuple Fremen est inspirée du monde oriental. Ses membres sont clairement désignés comme de lointains descendants des pays du Maghreb et du Moyen-Orient de notre Terre. On le voit non seulement dans leur façon de vivre mais également dans leur langage (le hajj, le jihad, baklava, mish mish).

En attaquant Dune, dont je reportais la lecture depuis plusieurs années, je craignais de ne pas l'aimer. Je suis heureuse que ces craintes ne se soient pas réalisées. J'y ai pris beaucoup de plaisir que ce soit dans la première ou la deuxième partie. Dès les premières pages Franck Herbert a su m'embarquer dans cette aventure.

Toutefois ne mettons pas ce livre sur un piédestal. Ce classique de la SFFF a également quelques gros défauts

Je ne parlerai pas des passages grossophobes qui étayent le roman. Faire de l'obésité du Baron Harkonnen le symbole de sa monstruosité est problématique. D'autant plus que le personnage est un pédophile, ce qui semble lui être moins reproché que son poids. 

Mon soucis dans la partie politique du roman c'est l'inégalité des forces entre les Harkonnen et les Atréides. Contrairement à ce qu'en dit le Baron, j'estime que ce n'est pas la richesse qui a provoqué ce décalage mais  la grande différence dans leurs intelligences stratégiques respectives. J'ai trouvé les Atréides (Duc, Duchesse et leurs loyaux officiers) extrêmement décevants et facilement manipulables. Si les Harkonnen avaient dix coups d'avance, les autres en avaient trois de retard. Cela m'a semblé d'autant plus invraisemblable qu'on nous répète tout le long du roman que les gens qui entourent le Duc Leto Atréides sont les meilleurs dans leurs domaines.

Dans un roman politique où se joue une partie d'échecs entre deux camps, une inégalité aussi flagrante me gêne, car finalement une victoire trop facile est forcément moins intéressante. Les intrigues n'intéressent que s'il y a des revirements de situation.

La deuxième partie du livre a été pour moi une source de frustration. L'auteur est un homme de mots. Il maîtrise parfaitement le dialogue, mais l'action semble plus difficile pour lui. Il a donc choisi la solution de facilité : les ellipses temporelles. C'est ainsi que toutes les batailles de Muad'Dib, tous les moments marquants de sa vie sur Arrakis nous sont volés. Rien n'est montré, tout est dit... a posteriori. Dommage.

Cette critique que vous venez de lire reste évidemment extrêmement en surface de toute la richesse de ce premier tome. Enormément de fans ont des sites, des blogs, des vidéos dédiés à Dune, et sont bien plus à même d'en décrire l'univers. Je vous invite à aller les voir.

Info : publié en vo (anglais américain) en 1965 / publié en français chez Pocket au prix de 11.50€ / 1er roman du Cycle de Dune.

 

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