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Books en série
3 décembre 2019

Rentrée littéraire 2019 : Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois

Prix Goncourt 2019, ce livre était dans sur ma liseuse depuis quelques mois. J'ai profité d'un voyage professionnel pour enfin m'y intéresser. Malheureusement, ce roman ne m'a pas convaincue.

 

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon557009e7812880a314833c600ccba5bb

 

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon est un récit de vie raconté par un homme depuis la prison où il a été condamné à passer deux ans pour coups et blessures. Le livre est donc, de manière très classique, un récit biographique linéaire, coupé ici et là par le quotidien du protagoniste en prison.

Moi qui aime ce genre d'histoire, cela me fait mal au cœur de le dire, j'ai trouvé cette histoire extrêmement longue malgré la brièveté du texte (moins de 200 pages). Finalement les seuls moments qui m'ont un peu passionnée sont ceux de sa vie présente, en compagnie de son compagnon de cellule Patrick, un Hells Angels amoureux de sa Harley, brute épaisse aux multiples questionnements philosophiques ; le meilleur personnage de ce roman.

En effet, non seulement le protagoniste principal a une vie assez banale, mais il n'y a aucune énigme dans cette histoire puisque le narrateur nous annonce dès le début les éléments principaux de son existence (son emploi, son veuvage, la raison de son emprisonnement...). Découvrir l'identité de la personne qu'il a agressée est le seul mystère relatif de cet ouvrage il n'est certainement pas suffisant pour passionner les foules.

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon ne plaira pas à tout le monde et sera, je pense, souvent abandonné. Il faut le conseiller aux lecteurs qui aiment les rythmes lents, les jolies plumes faciles à lire, à ceux qui n'ont pas besoin de péripéties ou de rebondissements pour aimer une histoire.  L'intérêt de l'ouvrage est peut-être dans ses personnages : le père Pasteur, la mère à la tête d'un cinéma d'art et d'essai, Patrick le motard, Nouk la chienne... Personnellement j'ai trouvé que l'auteur passait beaucoup trop vite sur les événements et la psychologie des personnages pour m'intéresser véritablement à eux.

Alors oui, on peut voir dans l'immeuble pour lequel le héros a travaillé comme surintendant pendant une vingtaine d'années une métaphore du monde actuel, de la bureaucratie, de la recherche intempestive du moindre coût et de tous les travers de la société. Mais s'il y a réflexion alors c'est le lecteur qui en prend l'initiative du début à la fin. La seule phrase philosophique de cet ouvrage est celle reprise pour le titre, et pour des raisons que je tairai pour ne pas spoiler, elle n'aura jamais été expliquée ou commentée dans le livre.

Je regrette sincèrement que l'histoire n'ait pas commencé où elle s'achève. J'aurais aimé suivre le protagoniste dans la deuxième partie de sa vie, celle après la prison. Cela aurait été un récit de reconstitution et rien n'aurait empêché que passer rapidement sur son enfance, sa vie d'adulte, la prison et ses deuils. On aurait ainsi surmonté cette impression de mélancolie et de désanchantement qui imprègne le roman.


Info : publié en vo (français) aux éditions de l'Olivier en 2019 au prix de 19€.

 

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