Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Books en série
10 octobre 2019

Rentrée littéraire 2019 : De pierre et d'os de Bérangère Cournut

De pierre et d'os est le roman qui me faisait le plus envie de cette rentrée littéraire.

Même si Bérangère Cournut est française, elle semble avoir l'habitude de s'intégrer plusieurs mois à des peuples non occidentaux afin de raconter au mieux leurs histoires. 

Toutefois je précise tout de suite ici que si De pierre et d'os ne nous informe pas sur l'année où se déroule l'histoire, celle-ci a lieu dans le passé ; à une période où les occidentaux n'étaient pas encore venus à leur rencontre et n'avaient pas encore envahi leur territoire, où la science et la mondialisation ne les avaient pas encore rattrapés pour anéantir les esprits qui veillaient sur eux.

 

De-Pierre-et-dOshappy smiley

 

L'histoire qui nous est présentée sur la 4e de couverture n'est pas représentative du roman. De pierre et d'os est le récit d'une vie de femme. Celui-ci commence la nuit où Uqsuralik est séparée de sa famille par un effondrement de la banquise. C'est une nuit doublement symbolique puisque c'est aussi la nuit de ses premières règles. Le lecteur va suivre la jeune femme tout au long de sa vie, dans les épreuves comme dans les joies. 

Cela va être surtout l'excuse de découvrir le quotidien des Inuits d'autrefois, leurs coutumes, leurs croyances et leur culture. Dans un monde de glace il est fascinant de découvrir quelle était leur nourriture et il peut nous paraitre étrange de les voir se nourrir de viande crue, de poussins vivants, d'œufs crus, de cartilage, de sang de phoque...
Il est également intéressant de découvrir une civilisation sans gouvernement, sans hiérarchie sociale, sans même un système judiciaire. L'absence totale d'agriculture (même de balbutiements) se traduit par une forte incertitude dans l'avenir et un risque accru de famine qui hante les histoires au coin du feu. La dépendance des Inuits pour la chasse, entraîne les membres d'une même famille à se réunir ou à se séparer selon l'abondance du gibier. Or l'absence complète de moyens de communication rend plus qu'incertaines des retrouvailles futures. Evidemment tout cela sous-entend aussi une vie rythmée par les saisons.

Mais ce qu'il y a eu de plus passionnant dans ce livre c'est la magie dont est empreint le texte. Comme dans beaucoup de récits des peuples non occidentaux, la perception de la réalité diffère de la nôtre. Le lecteur se retrouve alors face à un monde rempli d'êtres surnaturels et à la merci des esprits. C'est particulièrement le cas avec la culture Inuit où les événements trouvent toujours leurs sources sur un plan métaphysique où seul les esprits peuvent agir (d'où la grand importance des chamans). La réincarnation est poussée à l'extrême en associant les enfants aux parents morts, en leur attribuant leur nom mais également leur histoire. Cela créé des filiations quelque peu étranges. 

Cet aspect surnaturel est notamment présent à travers les chants qui sont intégrés dans le récit. C'est alors l'occasion de découvrir un autre point de vue que celui d'Uqsuralik. Mais l'autrice ne fait pas seulement chanter les humains, les esprits ont également leur mot à dire... Ces chants font parfois avancer l'histoire ou explicitent une situation. Ils donnent surtout une touche de poésie dans une écriture aride.


En plus de la présence de déités et d'animaux légendaires de la culture inuit, nous découvrons un peuple en accord avec la nature et tous les êtres vivants ; honorant leurs proies et respectant leurs âmes. C'est également une autre conception des relations familiales et de la parentalité, mais surtout de la vie en communauté.

Cela aurait pu être une excellente lecture si je n'avais pas buté sur le style de Bérengère Cournut. Ses phrases sont courtes et concises. Il y a un aspect très factuel dans sa façon de présenter les événements. Ainsi, bien que la narration soit faite à la 1ère personne, cela entraîne une distance avec Uqsuralik qui rend difficile toute empathie. Si l'héroïne passe par des moments très difficiles, montrant un courage et une force de caractère admirables, l'écriture m'a empêchée de m'identifier à elle. J'ai même parfois eu du mal à la comprendre, ce qui n'aurait pas dû se produire puisque j'étais littéralement dans sa tête.

Info : publié en vo (français) en 2019 aux éditions du Tripode au prix de 19€. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité