5 romans jeunesse : un poney rebelle, une famille recomposée, des dragons, un chien héroïque et une romance

Les livres jeunesse permettent parfois de découvrir (ou de redécouvrir) la plume d'auteurs connus. Certains écrivains pour un public "adulte" mettent en effet leurs nez de temps en temps dans les histoires des enfants.

C'est le cas de Luis Sepúlveda, célèbre pour Le vieux qui lisait des romans d'amour. L'un de ses romans jeunesse s'intitule Histoire d'un chien mapuche. Et quelle jolie balade l'auteur nous offre ici.

Sepúlveda reste fidèle aux thèmes qui lui sont chers : déforestation, respect de la nature, influence de l'homme sur la nature et le monde animal... Tout est dit dans le titre. Il serait dommage de vous en offrir plus car le texte est assez court. Je préciserai seulement que "mapuche" signifie "Gens de la Terre". 

Je sors enchantée de ma lecture et admirative du talent de conteur de l'auteur qui réussit à passer d'ouvrages pour adultes à des titres classés en jeunesse sans perdre de sa profondeur, de sa magie et de sa force. Ses talents sont mis en valeur par les illustrations en noir et blanc de Joëlle Jolivet qui se dessinent à chaque page, telles une histoire en miroir. Le tout donne à Une histoire d'un chien mapuche un aspect poétique.

Mais ne vous y trompez pas, on nous livre ici une histoire transgénérationnelle. A la manière d'un conte, elle s'adresse à tout le monde, petits et grands, et nous livre un message et des valeurs dont nous pouvons tous profiter.

Infos : publié en vo (espagnol - Chili) en 2015 / publié en français en 2016 chez Métailié à 12€, puis en poche en 2018 à 7€ TTC.

Ken Follett, le célèbre auteur des Piliers de la Terre, a lui aussi publié des titres jeunesse. Le dernier en date s'intitule La Belle et l'Oiseau.

Malheureusement il n'a pas le talent de son collègue. J'ai lu deux de ses livres jeunesse (cf. Le Mystère du gang masqué) et je reste perplexe face au fossé qui les sépare de ses ouvrages pour adultes. Où est passée la richesse historique, le souci du détail et la plume littéraire de Ken Follett ? Je ne sais qu'en penser. Croit-il que les plus jeunes seraient incapables d'appréhender un écrit plus travaillé ? Ou est-ce la taille du texte qui le perturbe, ne sachant livrer que des pavés de mille pages ?

Nous découvrons ici l'histoire d'amour entre Katerina, épouse d'un sultan enfermée dans un harem, et Ali, musicien le plus talentueux du pays. Je ne sais pas ce qui m'a le plus gênée du fond ou de la forme. L'auteur raconte une histoire se déroulant dans des temps plus anciens en s'adressant à des lecteurs assez jeunes. Il y apporte donc un style très personnel en ramenant tout aux mœurs et usages de notre vie quotidienne. Cela m'a vraiment perturbée dans ma lecture, impossible de me plonger dans le royaume de Turkestan quand on me ramène sans arrêt au XXIe siècle pour m'expliquer qu'il n'y avait pas de mp3 ou que les filles de 13 ans étaient à l'époque en âge de se marier. Or quand un livre fait cinquante pages si l'immersion n'est pas immédiate elle n'aura jamais lieu. A cela s'ajoute des facilités narratives frustrantes et des péripéties vite expédiées. 

Je terminerai sur un point positif en parlant des illustrations en noir et blanc de Corinne Bongrand qui décorent toutes les pages de l'ouvrage. J'ai beaucoup apprécié leur style mi- oriental mi- slave. N'ayant pas peur de prendre de la place sur le texte, elles apportent une réminiscence du recueil des Mille et Une Nuits (ce que je recherchais en achetant ce livre) que Ken Follett n'a pas su m'apporter.

Info : publié en vo (anglais) en 2003 sous le titre The Ninty-Ninth Wife / publié en français en 2019 dans la collection R de Robert Laffont au prix de 8.90€ TTC.

L'éditeur Poulpe Fiction vient de commencer une collection 1ère lecture nommée Mini-Poulpe. Alors que je cherchais quelque chose d'humoristique pour décompresser, j'ai déniché Tarzan Poney Méchant, Mon meilleur ennemi de Cécile Alix et illustré par Louis Thomas. 

Tarzan le Poney est un personnage qu'on a déjà rencontré chez Poulpe Fiction dans un roman pour lecteurs un peu plus âgés. Ici on y découvre la naissance de son amitié avec... une mouche. Cette amitié n'est pas gagnée car Tarzan est un rebelle avec un mauvais caractère. Mais la mouche est pot-de-colle...

Alors évidemment comme c'est un livre faisant moins de 50 pages avec beaucoup d'illustrations, il y a peu à dire et j'ai besoin d'un peu plus de matière pour vraiment apprécier un ouvrage. Mais c'est une lecture sympathique qui devrait bien plaire aux enfants, voire les faire rire. 

Info : publié en vo (français) aux éditions Poulpe Fiction en 2019 au prix de 6.50€.

La jeunesse étant dominée par les séries de livres de fantasy à multiples tomes, ne faisons pas exception à la règle dans cet article. L'héritier des Draconis est pour une fois d'un auteur français (en fait autrice), Carina Rozenfeld, bien qu'il fasse souvent référence à Harry Potter. 

Elliot, jeune orphelin, est transporté avec ses deux meilleurs amis dans un monde où la magie existe. Il y apprend ses origines et sa destiné. Ce premier tome est très introductif ; on y rencontre les héros et leurs ennemis, on découvre le monde de Draconia, on apprend qui sont les Draconis... Etant assez court, même si le rythme est plutôt rapide et que la première confrontation attendue a bien lieu, on attend la véritable action pour le tome 2.

Cette série composée de cinq romans est à destination d'un public très jeune. Vous pouvez facilement la mettre dans les mains d'un enfant de huit ans. Visuellement le livre est beau, les caractères sont gros et il est agréable à tenir en main en raison de sa forme carrée. Petit plus, une vignette en haut à droite des pages s'anime lorsqu'on fait défiler les pages. 

Ma lecture a été agréable bien que sans surprise. Je n'ai en fait pas grand-chose à en dire. J'admets volontiers que la série est un peu trop jeunesse à mon goût pour me donner envie de me procurer les autres livres.

Info : publié en vo (français) en 2017 aux éditions Gulf Stream à 12.90€ / la série est une pentalogie dont le 5e et dernier tome a été publié en 2019.

Côté roman plus réaliste, je suis tombée sur La Fabuleuse histoire de ma famille reloue - T1 d'Edgard Nelson. En le trouvant j'ai repensé aux films de ma jeunesse (À nous quatre, Treize à la douzaine...) et j'espérais donc du rire et de l'émotion. Malheureusement cette lecture a été très mitigée. 

Lorsque leurs parents décident de vivre ensemble, deux fratries se retrouvent à n'en former plus qu'une. Or dès le 1er jour de cette nouvelle famille, ils se trouvent livrés à eux-mêmes dans une maison en ruine au milieu d'une île.

L'histoire a deux particularités. La première est d'alterner les points de vue de Chloé et Tab. Elles appartiennent chacune à l'une des fratries, ont douze ans et sont nées le même jour. Chloé est une ado positive et enthousiaste qui se retrouve souvent le bouc-émissaire de sa famille. Orpheline de mère et benjamine, elle est heureuse de la situation et essaie de tout faire pour que tout le monde s'entende. Tab est américaine et citadine, aînée de ses trois petits frères. Elle est en colère de devoir vivre en Angleterre, de quitter ses amis et son père, pour habiter à la campagne. Elle se montre donc très irritable. Ces deux filles que tout oppose vont donc rapidement se détester. 

Alterner le récit entre les deux devait donc permettre d'avoir une vision panoramique de la situation. Malheureusement Chloé et Tab se révèlent les personnages les moins intéressants au milieu de personnalités détonantes. On tombe en amour devant les jumeaux farceurs et manipulateurs, on se reconnaît dans Quentin gros lecteur de fantasy et particulièrement intelligent, on sourit face à Paul survivaliste convaincu, même Lola la grande sœur qui fait peur est plus intéressante.

Autre particularité, l'histoire se déroule sur une période de 24h (à peu près ou peut-être un peu moins). Par conséquent, même si des événements ont lieu, le champ d'action est  plutôt réduit, surtout dans un roman réaliste. Il ne se passe pas beaucoup de choses dans cette histoire. Tout est construit autour des sept enfants et de la naissance de leur relation. Puisqu'il s'agit d'un tome 1 j'imagine que le livre sert surtout d'introduction. Dans tous les cas le récit ne s'anime que dans les quatre-vingt dernières pages. Ce qui peut être bon signe... ou en rebuter certains.

Info : publié en vo (anglais) sous le titre Un(Happy) Family / publié en français en 2019 chez Pocket Jeunesse à 11,90€ TTC.